La fenêtre

Le temps d'un' clope à la fenêtre 

Le temps de penser que peut-être 

Il serait temps d'essayer d'être...

Même le temps d'un' cigarette...

Le temps d'se poser pour souffler

De retomber comme un soufflé...

Le temps qui nous laisse essoufflés 

Celui qui manque à nos mouflets...

Le temps pourri qui nous excède 

Le temps d'antan qui nous précède...

Le temps ce traître à qui l'on cède

À qui nos vies l'on rétrocède...

Le temps si bref d'une existence

Le temps de se trouver du sens...

Ou pas... c'est un' question d'essence...

Le temps d'accepter la sentence...

Le temps de se laisser du temps

D´avoir un regard différent 

D'écouter ce que l'on entend...

De goûter tout ce que l'on sent...

Le temps d'aimer de s'accomplir

Le temps de vivr' le temps de rire

Le temps d'oser et de se dire...

Le temps d'aimer... de te l'écrire...

Le temps de cerner tout l'enjeu

D'être à ce monde en disant "je"...

Le temps d'interroger les cieux

Et pourquoi pas d'y trouver Dieu...

Le temps d'apprendre à fair' des choix 

Le temps d'apprendre à être soi

En restant humble et dans sa foi...

Le temps d'êtr' ce que l'on se doit...

Cela remonte à loin mais quand... je ne sais plus 

Un jour qui n'avait rien que de très ordinaire 

Ce jour où j'ai compris ce que j'ai toujours su

Avant de l'égarer au fond de mes ornières...

Irréfutablement la vie est bien plus douce

Avec si peu d'efforts... quelques mots du plaisir

Un bonjour un merci un petit coup de pouce

Juste un peu de chaleur... réapprendre à sourire...

Dit ainsi ça n'a l'air évidemment de rien

Ça paraît dérisoire et pourtant je vous jure

Que c'est déjà énorme et que ça fait un bien...

Mais ça n'arrêtera ni le temps ni l'usure...

Elle a les plus beaux yeux du monde...

Quoi qu'Elle en dis' je les adore...

Et souvent le soir je m'endors

Au lit de leurs eaux si profondes...

Puisque je L'aime Elle ne peut

Qu'avoir le plus beau des regards...

Puisque je L'aim' fière et sans fard

Elle est la plus belle à mes yeux...

Pourtant il se pourrait qu'un jour

Elle n'ait plus cet apanage

Et que j'y égare au passage

Un fol et si précieux amour...

Mais cette idée déchir' mon cœur 

Lui qui loin d'Ell' déjà défaille...

J'aime nos longues fiançailles 

J'aim' notre lien et sa candeur

J´aime nos silencieux échanges...

Leur pudeur... leurs tendres audaces...

Oh j'aime tant ce qui se passe

Lorsque nos regards se mélangent...

Le jour où je rencontrerai

Un autre regard que le sien

Un autre voyage... aérien...

Où j'oserai m'aventurer

Une autre qu'Elle aura sans doute

Les plus beaux yeux de l'univers

Qui m'inspireront d'autres vers...

Me feront prendre une autre route...

Mais Ell' demeurera toujours

La révélation de ma vie

Ma princesse ma douce amie...

Et ma plus belle histoir' d'amour...

J'envie ceux qui ont Dieu toujours à leurs côtés 

Ils ne sont jamais seuls puisqu'ils sont habités 

Je leur envie leur foi moi qui suis dans le vague

L'illusoire et le flou où j'avoue je divague

Je leur envie l'amour dont ils sont transportés...

Je leur envie d'avoir rencontré la beauté...

Je leur envie bien sûr la détermination 

Avec laquelle ils croient et leur exaltation...

Et puis je leur envie d'avoir des certitudes...

Moi aussi je voudrais prendre de l'altitude

Et regarder la vie d'une autre position...

Je sens bien qu'il n'est pas que notre dimension...

Il y a autre chose immense et impalpable

Bien au-delà de nous cancrelats négligeables 

Dont nous participons à notre moindre échelle 

Aussi insignifiante aussi courte soit-elle...

Chacun de nous je crois puissant ou misérable 

Est un peu de la mer... du vent... et puis du sable...

Évidemment rien n'est aisé...

Dés l'aube de notre existence

Et jusqu'à notre crépuscule 

Nous sommes mille fois lésés 

Trahis déçus blessés je pense...

Bringuebalés et minuscules...

Évidemment rien n'est acquis...

Bien sûr il faut se battre et vaincre

Et conquérir et ferrailler...

Tomber et retomber aussi...

Et puis se relever sans craindre

D'y retourner pour essayer...

Évidemment rien ne perdure...

Bien sûr c'est là que sont le drame

Et le défi à relever

Mais si chaque bouffée d'air pur

Consume un peu de notre flamme...

Pourquoi s'arrêter de rêver...

Essayer encore et encore...

Pour vivre jusqu'au dernier souffle

Au dernier soupir expiré 

Avant que de laisser son corps 

Telle une flamme que l'on souffle...

Avant que d'avoir des regrets...

Ce sont les lion' qui chass' tandis que dort le mâle 

Le roi des animaux... ça me fait douc'ment rire...

Le roi est une reine occupée à nourrir

Les ventres affamés dont elle est la féale...

Alice est une lionne au regard pétillant 

De vive intelligence et d'ardeur enflammée 

Qu'ell' plante dans le vôtr'... ce qui peut désarmer...

Semblant sonder votre âm' pour cerner le client...

Une femme accomplie féline et audacieuse

Rapide et efficace ayant l'œil du chasseur

Quelques fêlur's aussi... une femme amoureuse

N'engendrant c'est certain ni torpeur ni tiédeur...

Et cette lionne-là pour peu que l'on s'en prenne

À la chair de sa chair à l'homme de sa vie

Aux élus de son cœur les bienheureux qu'elle aime...

N'hésit'rait ni à tuer... ni à donner sa vie...

Mon cœur est tout petit... rabougri... mordu comme

Sur le coin d'une table un vieux trognon de pomme

Qu'on aurait laissé là à pourrir lentement

Agapes de fourmis et moucherons gourmands...

Il a beau palpiter il ne sait être heureux...

Mon cœur est si petit qu'il en est douloureux...

Mon amour hâte-toi car j'en suis presque au point

De disparaître avec mes tout derniers pépins 

Peut-être pourrions-nous tenter de les semer

Peut-être -qui le sait- pourrions-nous nous aimer...

Ma douce brisons là ou aimons-nous enfin...

Je crève d'être seule et d'attendre la fin...

Tantôt j'enverrais tout valser dans les orties

Tantôt je gueulerais je cognerais aussi

Tantôt je m'assiérais et je m'enfermerais

Parfois je suis tentée de fuir... ou de sauter...

Croquons-la cette pomme avant de nous corrompre...

Il sera toujours temps d'envisager de rompre...

Partout où je me trouve Elle est auprès de moi

Tout me ramène à Elle... un parfum quelques mots

Une chanson qu'Elle aime une allure une voix...

Elle est dedans ma chair et mon sang et ma peau...

J'aime tant son regard qui plonge dans le mien

Lorsqu'enfin nous avons un peu d'intimité

J'aime tant son sourire... il me porte il me tient

J'aime tant ce qu'Elle est... profondeur et clarté...

Loin d'Elle je m'effrite un peu plus à chaque heure 

Perdant de ma superbe à déplorer le temps

Qui me sépare d'Elle et me flétrit le cœur...

Ma triste et belle histoire... Elle me manque tant...

Quelques uns céderaient leur royaum' pour un ch'val

Certains vendraient leur âme à l'éternel' jeunesse

Certains autres encor' décrocheraint la lune

Pour se voir en héros dans les yeux de quelqu'une...

Mais cependant chacun sous des fortun' diverses

Présente son séant au supplice du pal...

Et moi qui n'ai que fair' des rois et leurs couronnes

Qui ne veux surtout pas revenir en arrière 

Qui n'suis rien sous la lun' juste un souffle une brise

Je donnerais mon sang pour ne pas qu'ell' se brise

Je donnerais ma vie pour préserver la sienne...

Car elle est essentielle et je ne suis personne...

Je n'possèd' ni montur' ni sceptre ni royaume

Si j'ai parfois mille ans je me sens souvent neuve

Je ne dois ma vertu qu'à l'astre de mes jours

Et m'essaie maladroite à la vie à l'amour...

Et je navigue à vue en priant qu'il ne pleuve

Avec pour tout bagag' ma soif... mon cœur... mes paumes...

Mais je donnerais tout du peu qui m'appartient

Je lui donnerais tout des batt'ments de mon âme 

De mes bouquets de mots jusqu'à mes mains tremblantes

De mes jardins secrets où je nous rêve amantes...

Ell' pourrait tout me prendre elle a déjà mon âme...

Je lui donnerais tout de ce qu'ell' voudra voudra bien...

Il n'est pas de lieu où je me sente chez moi...

Je n'ai pas de maison pas de toit sur la tête 

Qui me ressemblerait tout en donnant de moi

Ce que je voudrais bien concéder de mon être...

Les murs que j'ai bâtis sont de chair et de sang

Leurs cœurs sont mon foyer et leurs yeux mes fenêtres 

J'y ai trouvé la paix dans un souffle naissant 

Redécouvert l'amour la foi... et l'envie d'être...

Quand je suis auprès d'eux j'ai tellement moins peur...

Ils m'ont apprivoisée ont dompté mes tempêtes 

Accueillie bras ouverts puis rechauffé le cœur...

Ils sont le seul abri dont j'ai besoin pour être...